Regard astrologique

Astrologie : Science des analogies et des correspondances, science d'observations de la nature.


L'Astrologie repose sur l'interprétation des phénomènes célestes en vue d'obtenir des informations sur des événements humains, collectifs ou individuels.

Ces correspondances célestes et terrestres sont en relation avec l'hermétisme selon l'adage de la table d'Emeraude d'Hermès Trismégiste :  "Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, ce qui est en bas est comme ce qui est en haut pour l'accomplissement des miracles d'une seule chose" .


Histoire de l'Astrologie pendant l'Antiquité

L'astrologie fut pratiquée à l'origine par trois grands pays qui ont pour nom : Mésopotamie (actuel Irak), Grèce et Égypte.
Il y a 3000 ans avant notre ères, les Mésopotamiens pensaient qu'étoiles et planètes étaient associées à des dieux ou étaient elles-mêmes des dieux : les étoiles et les planètes étaient les premiers indicateurs de la volonté divine.
Les prêtres étaient chargés de surveiller le ciel afin d'avertir le souverain en cas de mauvais présage. Tout relevait d'eux, depuis l'observation des astres jusqu'à la médecine en passant par le calendrier religieux, la divination, la magie. Le roi protégeait la population des ennemis, des dangers terrestres, et eux des dangers célestes : tempêtes, inondations, sécheresses…
Ces prêtres durent essayer de comprendre les phénomènes naturels pour les prévoir. Si, par exemple, une épidémie survenait lors du passage d'une comète, pourquoi n'auraient-ils pas rapproché les faits ?
À force de scruter le ciel, ces prêtres babyloniens finirent par établir le cycle des éclipses et identifier quelques planètes qu'ils placèrent chacune sous la tutelle d'une divinité. les prédictions concernaient la collectivité (ou le roi qui la personnifiait).
Après la conquête de l'Asie par Alexandre, cette pratique fut adoptée par les Grecs qui préférèrent cependant honorer les dieux de l'Olympe.

Les druides eurent également une culture astrologique qui fut transmise oralement puisque les Celtes préféraient ce mode de mémorisation à la culture de l'écrit.

Les premières traces de l'astrologie hindoue ou védique ou JYOTISH remonteraient à plusieurs milliers d'années, dans ces écrits lointains que sont les Vedas.
En fait les termes techniques de l'astrologie de l'Inde sont d'origine grecque et on ne doit pas négliger cet apport. Ce qu'il faut retenir de ces astrologies hindoues est qu'elles sont basées sur le zodiaque sidéral et non le tropical de l'Astrologie occidentale : le zodiaque sidéral est basé sur les constellations alors que le zodiaque tropical est basé sur les signes, il est indexé sur les saisons. Ces deux zodiaques sont décalés puisque tous les ans, un déplacement de 50 secondes environ sépare les signes des constellations ; c'est ce qu'on appelle la précession des équinoxes. L'autre particularité de l'astrologie hindoue, tout comme l'arabe même si cela paraît évident... est de ne pas tenir compte des planètes au-delà de Saturne : Uranus, Neptune et Pluton qui n'étaient pas visibles par les instruments de l'époque. La vocation spirituelle de l'Astrologie hindoue la différencie également de l'Astrologie occidentale, plus intellectuelle.

L'Astrologie Helléniste est née alors que la civilisation grecque avait énormément d'influence sur toute la planète et particulièrement dans les pays orientaux, Astrologie issue à la fois des sciences astrales orientales, de la philosophie grecque et de la pensée égyptienne et qui constitue aujourd'hui encore les fondements de l'Astrologie Moderne. L'Astrologie helléniste était composée de 4 facteurs principaux : les planètes, le zodiaque, le cercle des 12 maisons et les configurations qui engendraient ces aspects, la naissance des premiers thèmes astraux individualisés datant d'ailleurs de cette époque.

Ptolémée (v90-100-v168) mathématicien, astronome, astrologue, géographe et musicien a vécu la plus grande partie de sa vie à Alexandrie (Canope : province romaine d'Egypte) fut l'un des pères de l'Astrologie moderne au travers de ses recherches et de ses ouvrages, dont le plus célèbre, l'Almageste est le seul ouvrage complet sur l'astronomie de l'antiquité qui nous soit parvenu. C'est Ptolémée qui fut l'auteur de cette phrase si sage qui représente bien toute la philosophie moderne de l'astrologie : « Les astres inclinent mais n'obligent pas ».
Ce savant composa également le Tetrabiblos, un traité d'astrologie qui liait l'astrologie naturelle, celle qui étudie le mouvement des astres, à l'astrologie judiciaire, celle qui règle l'avenir des hommes. Il y classa les « planètes » en chaudes, froides, sèches, humides, féminines, masculines, etc. En outre, il attribua aux constellations des vertus qu'il rattacha aux quatre « éléments » (eau, terre, feu, air). Aujourd'hui encore, les astrologues suivent les canons de ce livre.

Les astronomes babyloniens avaient mis au point des techniques de calcul pour la prévision de phénomènes astronomiques. Surtout, ils avaient consigné soigneusement, pendant des siècles, de précieuses observations (positions des astres, éclipses…) Les astronomes grecs, tels qu'Eudoxe de Cnide et surtout Hipparque, avaient intégré ces observations et les leurs dans des modèles géométriques pour calculer les mouvements de certains corps célestes. Ptolémée propagea l'astrolabe, inventé probablement par Hipparque. L'Astrolabe est un instrument qui permettait d'obtenir une représentation plane du ciel pour une latitude et une date donnée.

Par les conquêtes, l'astrologie gréco-arabe pénétra un peu partout en occident. Pour interpréter l'horoscope, les Arabes (nommant tous les peuples qui écrivaient dans cette langue) se référaient, entre autres sources, aux ouvrages de Ptolémée. L'Astrologie arabe revêtait trois formes : l'Astrologie généthliaque (relative à l'horoscope du jour de naissance), l'Astrologie horaire et l'Astrologie magique pour invoquer les Dieux planétaires et confectionner des amulettes et des talismans efficaces, en combinant influence d'une planète avec métaux et signes qui lui correspondaient.


Histoire de l'Astrologie pendant le Moyen-Âge

Au moyen-âge, la tolérance concernant cette science controversée s'amoindrit considérablement avec le christianisme dés 358 où les techniques de prédiction furent assimilées à la magie et considérées comme un crime majeur. Quelques années plus tard, le Concile de Laodicée interdit formellement l'usage de l'astrologie pour tous les membres du Clergé. Au début du Vème siècle, les astrologues, considérés comme des hérétiques, furent contraints de brûler leurs ouvrages sur l'ordre de Théodose et d'Honorius.

Plusieurs siècles plus tard, dès le premier millénaire, l'astrologie revient en force grâce aux influences grecques et arabes qui envahissent l'Europe. Par exemple, le rôle des planètes sur les maladies était accepté et même cautionné par les personnages les plus haut placés comme le pape Sylvestre II qui écrivit un traité d'astrologie ou comme Pierre Abélard, théologien réputé de l'époque.

Au cours du haut moyen-âge on adoptait l'idée que Dieu avait créé l'astrologie pour la mettre au service de l'homme et on admettait que l'Astrologie puisse prédire tout ce qui y avait trait, le temps qu'il ferait pour l'agriculture ou même les maladies dues à des causes naturelles mais elle ne pouvait prévoir en aucun cas ce qui était directement dépendant du libre-arbitre de l'homme. De grands esprits de l'époque, comme Saint Thomas d'Aquin, philosophe et théologien italien (1225-1274) considéraient que prédire le destin d'un homme était une illusion démoniaque.
Les Pères de l'Église combattirent l'astrologie non parce qu'elle supposait une religion polythéiste : il leur aurait suffi de remplacer les dieux païens par des saints pour gommer l'obstacle. L'ennui venait de ce qu'elle fixait l'avenir des individus, limitant ainsi la puissance de Dieu et exonérant l'homme de ses péchés.
Cependant, aucune de ces mesures n'empêcha la pratique de l'astrologie comme en témoignent les nombreux écrits qui fleurirent à cette époque.

Mais l'Astrologie dite savante (en opposition à l'Astrologie populaire, car elle traitait des aspects planétaires de chaque individu en particulier) à cette époque trouva également des défenseurs, en la personne entre autres, de l'Anglais Roger Bacon (1214-1294), homme au point de vue très moderne, qui s'éleva contre le formalisme des dominicains (dont Saint Thomas d'Aquin faisait partie) et qui prétendit qu'aucun astrologue ne professait le fatalisme astral, que la seule chose importante était l'expérience, base même de toute philosophie et que l'Astrologie en était un des piliers.

Au XVIème siècle, le recours à l'astrologie devient de plus en plus généralisé, allant jusqu'à être enseignée dans certaines universités dont l'université du Vatican où fut créée une chaire d'astrologie.


Histoire de l'Astrologie à partir du XVII ème siècle

A la Renaissance, les calculs astrologiques profitèrent des découvertes en algèbre et en trigonométrie pour se développer. Des tables de calculs détaillés tenant compte des heures de lever et de coucher, des mouvements de planètes, et de leur position, furent largement diffusés grâce à l'apparition de l'imprimerie. Les mentalités évoluèrent rapidement, comme c'est toujours le cas lorsque le courant de pensée qui prédomine préconise et encourage une ouverture sur le monde et le champ d'activité de l'Astrologie s'étendit dans tous les domaines, à toutes les branches du savoir et à tous les secteurs de la vie.

On vit également se développer la médecine astrologique, enseignée dans certaines universités européennes, discipline selon laquelle on ne pouvait être un bon médecin qu'en étant un bon astrologue. Peu à peu l'Astrologie atteignit son apogée, en même temps que la Renaissance, en Italie elle sera soutenue par les Papes et en France Catherine de Médicis la protégera et l'encouragea, réunissant autour d'elle des astrologues, dont un des plus célèbres restera Nostradamus. Les prophéties les plus connues sont celles de Nostradamus (Michel de Nostredame 1503-1560) astrologue et voyant français dont les prévisions furent très controversées. Il utilisait outre les grandes conjonctions, les cycles planétaires et les périodes chronologiques, ses dons de voyance et publia ses célèbres prophéties, qui firent sensation lorsque Henri II mourut alors que Nostradamus l'avait prédit.

C'est à partir du XVIIème siècle que l'intérêt pour l'astrologie commence à diminuer en raison des découvertes de plus en plus nombreuses en astronomie.
Les beaux jours de l'Astrologie au 15 ème siècle, devaient aboutir à l'obscurantisme du 17 ème siècle. Jusqu'à la moitié du 17ème siècle, l'astrologie faisait partie des sciences. Les astrologues étaient mathématiciens, astronomes, souvent médecins. Placidus fut un mathématicien- astrologue de Padoue (Italie) et son œuvre tendait à la redécouverte des principes mathématiques de l'art astrologique. Il érigea le premier, au XVIIe siècle, des tables des maisons pour la méthode de domification qui porte son nom. Les maisons astrologiques sont une division duodénaire de la sphère céleste qui vient se superposer aux signes du zodiaque. Les 12 Maisons représentent chacune un secteur de notre vie. La domification Placidus est la plus communément utilisée encore à notre époque.


Vers la fin du XVIIème siècle La science n'est plus perçue de la même manière et la pratique de l'astrologie n'entre plus dans cette nouvelle définition. Elle devient une simple « superstition » qui ne sera désormais plus étudiée dans les universités comme auparavant.
L'astrologie est de nouveau interdite par l'Eglise qui refuse que soit publié tous les écrits la concernant. Ce rejet est généralisé dans tous les pays européens avec quelques exceptions comme par exemple en Angleterre où de grands noms de l'astrologie sont connus : William Lilly, John Partridge…

Parmi les détracteurs de l'astrologie, citons Descartes (1596-1650) qui dans son Discours de la méthode, avec une démarche fondée sur l'expérimentation pour expliquer la Nature, prétendait qu'il ne fallait prendre pour vrai et réel que ce qui était quantifiable, ce qui excluait bien évidemment les sciences occultes, cette nouvelle conception mécanique et mathématique de la Nature étant en totale contradiction avec ce que l'Astrologie pouvait avoir de déductif. Au siècle des lumières, l'Astrologie fut définitivement emportée par le rationalisme. On priva les astrologues de leurs instruments de travail et, abandonnée par ses protecteurs, l'Astrologie devint le jouet des charlatans et des marginaux. Dans l'Encyclopédie publiée par Diderot et d'Alembert, l'Astrologie était traitée de manière méprisante et Voltaire écrivait qu'aucun homme raisonnable ne pouvait la prendre au sérieux.

La distinction entre Astronomie, Astrologie et physique s'exprimera de plus en plus clairement à partir de Kepler (1571-1630) et Newton (1642-1727). Des scientifiques rigoureux comme Kepler ne l'ont pas moins pratiquée officiellement à la demande des puissants.

Mais lorsque qu'en 1811 Goethe entreprit la rédaction des ses mémoires, il ne craignit pas de commencer son récit par le commentaire de son propre horoscope, avouant se passionner pour cette discipline et la pratiquer depuis de nombreuses années. C'est d'ailleurs en Allemagne que l'Astrologie trouvera ses premiers défenseurs ce qui lui permettra de commencer sa lente réhabilitation, les romantiques allemands souhaitant que la machinerie cosmique sorte enfin du rationalisme mécanique pour redevenir un être vivant.
Le mouvement romantique gagna l'Angleterre où il ne cessa de se développer, même si tous les chercheurs en Astrologie se cachaient derrière un pseudonyme ce qui est significatif de sa piètre réputation.

Ce n'est qu'en 1885 qu'Abel Haatan publia un ouvrage sérieux, Le « manuel d'Astrologie sphérique et judiciaire », suivi quelques années plus tard Des « Génies planétaires » de François-Charles Barlet, travaux repris par la suite et approfondis par d'autres astrologues, qui donnèrent le point de départ de l'Astrologie scientifique telle que nous la connaissons de nos jours.


l'Astrologie Française au XXème siècle

Ebauche du texte figurant en annexe de le thèse de doctorat de Patrice Guinard (1993).

Deux siècles séparent l'Uranie (1697) d'Eustache Lenoble des premiers traités de Fomalhaut (1897), et Choisnard (1901), deux siècles au cours desquels l'astrologie française, à défaut d'avoir été sciemment déboutée du champ de la connaissance, a néanmoins glissé dans "l'occultisme", faute de pouvoir s'aligner sur les modèles sécularisés du savoir ou de se conformer aux canons technico-scientistes du siècle des Lumières.
Si les années 60 et 70 peuvent être considérées comme l'âge d'or de l'astrologie française, on constate un certain vide dans les deux dernières décennies du XXè siècle.

Le tableau qui suit a pour objet l'analyse des principaux courants qui ont marqué le réveil puis l'expansion de la pensée astrologique de langue française au cours du XXème siècle.

FOMALHAUT (pseudonyme de l'abbé Charles Nicoullaud)

  • né le 3 mai 1854 à 9h, Paris
  • franc-maçon, auteur d'un classique, le Manuel d'astrologie sphérique et judiciaire (Paris, Vigot, 1897), dans lequel le nom de la trans-neptunienne Pluton est signalé.
  • l'ouvrage est apprécié par Choisnard, mais Bouché-Leclercq écrit dans son Astrologie grecque (Paris, 1899, p.XIX) : "Les noms d'étoiles dont ils [ces Pétosiris attardés] s'affublent ne garantissent pas plus leur science que leur foi."

Paul CHOISNARD (pseudonyme Paul Flambart)

  • né le 13 février 1867 à 23h, Tours
  • polytechnicien, auteur d'une trentaine d'ouvrages, fondateur de la revue éphémère L'Influence Astrale (1913-1914), et incontestable maître à penser de l'astrologie française du début du siècle. Ses ouvrages recouvrent les trois branches principales de la recherche astrologique (ouvrages techniques et statistiques, réflexion d'ordre épistémologique, histoire de l'astrologie).
  • auteur de Influence astrale (Essai d'astrologie expérimentale), Paris, Chacornac, 1901; 1913; 1926) : "Pour les astrologues anti-scientifiques, l'astrologie ne peut consister qu'à appliquer avec plus ou moins d'habileté les aphorismes incohérents qui se trouvent dans les ouvrages anciens et qu'ils décorent du nom de tradition, sans aucun souci de vérification positive." (préface de l'éd. de 1913, p.31)
  • auteur de Langage astral (Paris, Chacornac, 1902; 1921; 1928; 1930; 5è éd. rev. 1941). Cet ouvrage, plus pratique que le précédent, contient des thèmes commentés et près de 275 données de naissance (état civil pour la plupart, ou biographies). Choisnard réinvente la représentation, zodiacale (et circulaire) du thème natal (cf. Otto Neugebauer & Henry Van Hoesen, Greek horoscopes, Philadelphia, American Philosophical Society, 1959, p.18) : "Je trace un cercle à douze secteurs égaux figurant, par sa circonférence, l'Écliptique (ou orbite apparente du Soleil) avec ses douze signes du Zodiaque." (p.68)
  • auteur de La loi d'hérédité astrale (Paris, Chacornac, 1919), qui avance l'hypothèse de lois d'hérédité de nature astrale, et stipule la transmission par les parents d'une certaine sensibilisation planétaire, marquée par les Angles du thème, et par suite une tendance du nouveau-né à naître sous un ciel conforme à celui de ses géniteurs.
  • influence sur Michel Gauquelin qui reprendra ces hypothèses et leur donnera une nouvelle légitimité.

Choisnard est le pionnier de l'astrologie empirique, "démonstrative", à prétention scientifique, fondée sur la recherche des "faits". L'astrologie serait la seule discipline à établir des correspondances entre les facultés humaines et les objets extérieurs. L'astro-statistique moderne naît avec lui (parmi ses prédécesseurs: Luca Gaurico et son Tractatus astrologicus, John Goad et son Astro-Meteorologica). Cent ans après, on peut estimer que cette approche reste naïve, enracinée dans le contexte positiviste du début du siècle, et que les "preuves expérimentales" des "influences" planétaires suscitent bien des questionnements. Restent à l'actif de cet astrologue: sa méfiance envers toute application pratique de ses "résultats", sa critique de la prédiction astrologique (qu'elle soit individuelle ou collective), et son sentiment qu'il faut rester circonspect dans le domaine de la consultation, allant même jusqu'à envisager sa suspension.

JULEVNO (pseudonyme de Jules Evenot)

  • né le 16 mars 1845 à 15h, Vannes
  • helléniste et latiniste, traducteur de Ptolémée et de l'américain Thomas Burgoyne, auteur d'une compilation classique, le Traité d'astrologie pratique (Paris, Chacornac, 1912-1921-1927, 3 vol.)

Dom NÉROMAN (pseudonyme de Pierre Rougié)

  • né le 18 juin 1884 le soir, Gramat (Lot)
  • ingénieur des mines, fondateur de l'association du Collège Astrologique de France (C.A.F.) en 1933, éditeur de la revue Sous le Ciel (1936-1940), principal théoricien de l'astrologie française après la disparition de Choisnard, esprit critique et vindicatif, personnalité attachante quoiqu'en pense De Herbais de Thun.
  • auteur d'une vingtaine d'ouvrages (dont certains philosophiques), parmi lesquels: Grandeur et pitié de l'astrologie (Paris, Sorlot, 1940) et le Traité d'astrologie rationnelle (Paris, Sous le Ciel, 1943; Paris, La Table d'Emeraude, 1982), dans lequel on peut trouver le terme "impression astrale" (p.387).

L'astrologie de Néroman, spéculative, extrêmement complexe dans le détail (et par suite impraticable), multiplie les structures, forge de nouveaux concepts, développe de nouvelles techniques (le Domigraphe), et systématise les problématiques, tout en recherchant la cohérence interne du corpus astrologique. Les Maîtrises (Domiciles et Exaltations), qui apparaissent comme la pierre angulaire de la théorie, sont établies d'après l'adéquation des 12 signes zodiacaux avec les "12 facteurs planétaires" (incluant la Terre et les astéroïdes). Néroman veut faire table rase du passé et de la "tradition", et invite à ne pas se payer de mots eu égard à l'astrologie dite "scientifique". Il est le premier astrologue français à avoir compris l'intérêt d'une restructuration logique du corpus astrologique, qui soit indépendante à la fois d'une "tradition" à laquelle on ne se fie plus aveuglément, et de méthodes dites scientifiques (essentiellement statistiques) qui le privent de l'essentiel - sa cohérence systémique. Nicola suivra la même voie, avec des outils très différents.

Henri GOUCHON

  • né le 1 mars 1898 à 7h30, Roreto Chisone (près de Pinerolo, Italie)
  • auteur, en collaboration avec Jacques Reverchon, du fameux Dictionnaire astrologique (Paris 1935-1937-1940, 3 vol.; Paris, Dervy, 1975). Adepte de la triple dominante (élémentale, zodiacale et planétaire).

Léon LASSON

  • né le 17 septembre 1901 à 14h51, Saint-Bueil (près de Chambéry)
  • auteur de Astrologie mondiale : Quinze ans de paix sur l'Europe (Bruxelles, Demain, 1938). Cette tentative de réhabiliter la "prédiction" en astrologie mondiale est un véritable fiasco (Cf. de même Gabriel Trarieux d'Egmont : Que sera 1939 ? (Paris, Flammarion, 1938)
  • son meilleur ouvrage, Ceux qui nous guident (Paris, René Debresse, 1946), contenant plus de 500 données de naissance, influencera les travaux de Michel Gauquelin. Les recherches statistiques de Lasson, appliqués au cycle journalier des planètes, et non plus au cycle annuel comme souvent chez Choisnard et Krafft, annoncent les "courbes Gauquelin" et soulignent la présence, plus fréquente que la moyenne, aux angles du thème, d'une planète spécifique selon l'activité du natif : Mars chez les militaires, Saturne chez les savants, mais aussi Vénus chez les artistes ou encore Neptune chez les mystiques...

Alexandre VOLGUINE

  • né le 3 mars 1903 (Grégorien) à 5h45, Novaja Praga (près de Kirovograd, Ukraine)
  • érudit, historien, et instigateur de traductions de textes anciens, fondateur des Cahiers Astrologiques (Nice) en 1938, probablement la meilleure revue astrologique française, qui paraît jusqu'en 1983.
  • réhabilite le "maître de nativité" et développe la technique des "encadrements planétaires" (proche des mi-points de l'allemand Witte).
  • auteur de Astrologie lunaire (Nice, Cahiers Astrologiques, 1936; Paris, Dervy, 1972) et surtout de L'ésotérisme de l'astrologie (Paris, Dangles, 1953). Hostile aux recherches statistiques, étriquées et réductrices, Volguine dénonce les compromissions et concessions faites par une astrologie dévoyée et bâtarde "à la mentalité moderne que borne le matérialisme", et revendique une conception métaphysique, trans-historique et trans-culturelle, de l'astrologie, qui intègrerait les apports indiens, chinois et mexicains.
  • son meilleur texte reste L'astrologie chez les Mayas et les Aztèques (Nice, Cahiers Astrologiques, 1946), encore cité par Lester Ness dans la bibliographie commentée de son ouvrage, Written in the stars: Ancient zodiac mosaics (Warren Center (Pennsylvania), Shangri-La Publications, 1999), lequel fait suite à sa thèse doctorale de 1990.
  • l'astrologie de Volguine a bien vieilli, et sa grille de valorisation des facteurs planétaires, qui continue à être utilisée, donne des dominantes souvent fantaisistes.

Claire SANTAGOSTINI

  • née le 9 mai 1898 à 7h, Paris
  • directrice de collège, influencée par l'anthropologie de Marcel Jousse, auteur de plusieurs ouvrages didactiques, très accessibles au débutant, parmi lesquels Initiation à l'astrologie globale (Paris, éd. Traditionnelles, 1976), d'après ses cours professés durant l'hiver 1953-54), et Assimil astrologique, Paris, éd. Traditionnelles, 1969).
  • dans son principal ouvrage théorique, L'horoscopie cartésienne (Paris, éd. Traditionnelles, 1965), elle engage une réflexion sur l'analogie, laquelle devrait exprimer "un rapport, non une ressemblance", et sur le symbole : "Nous ne sommes pas d'accord avec les astrologues qui pensent que le Symbole (uniquement traditionnel, et d'ailleurs non défini) suffit pour fonder l'Astrologie, ce qui lui donnerait valeur, non seulement de concept à valeur universelle, mais aussi de cause. Ceci, du point de vue de la pensée, est inadmissible.". Elle se place sur "le terrain de la pensée pure (philosophique)" qu'elle oppose à la "pensée scientifique" de Nicola, comme à la recherche empirique d'André Barbault.

C.Santagostini préconise, à l'instar de Dom Néroman et de Descartes(!), de faire table rase du passé, afin de reconstruire l'astrologie. Astrologue-philosophe, elle avance l'idée selon laquelle l'exercice astrologique est essentiellement réflexif (à la fois théorique et pratique), ce qui suppose une confrontation permanente du discours astrologique au réel, et critique la stérilité d'un empirisme brut qui ne déboucherait pas sur une modélisation. Une autre de ses idées, tout aussi importante, concerne la nécessité d'une approche constructiviste du thème par son interprétation globale, laquelle nécessite une hiérarchisation des facteurs (valorisations planétaires), une subordination des planètes les unes aux autres (notion de "chaîne planétaire"), et finalement une simplification du thème, faute de quoi cette globalisation resterait hors de portée des capacités de l'esprit. Il en résulte une critique des manuels standard : "Toutes ces significations [planètes dans les signes, planètes dans les maisons, aspects...] ont une valeur certaine de documentation, mais seulement de documentation". Ces excellentes idées ont eu une influence décisive sur toute une génération de praticiens et donné naissance à une sorte de spécificité française. Claire Santagostini est la première grande dame de l'astrologie française, et l'intérêt des travaux de son aînée Janduz, alias Jeanne Duzéa (1874-1954), reste moindre.

Alexander RUPERTI

  • né le 23 mai 1913 à 22h08, Stuttgart
  • conférencier international, naturalisé anglais, disciple de Dane Rudhyar dont il diffuse l'enseignement (astrologie dite humaniste et transpersonnelle) au sein de son Réseau d'Astrologie Humaniste, auteur de nombreux articles.
  • ses ouvrages principaux sont le Cours sur l'astrologie psychologique de Rudhyar (Bruxelles, 1948-49, 2 vol.), et son ouvrage Les cycles du devenir (Cycles of becoming); tr. fr. Marief Cavaignac, Monaco, Le Rocher, 1981).

André BARBAULT

  • né le 1 octobre 1921 à 17h, Champignelles (Yonne)
  • auteur d'une cinquantaine d'ouvrages. Pionnier, avec Nicola, de l'interprétation astrologique "prêt-à-porter" (Astroflash 1967), fondateur de la revue L'Astrologue en 1968. Il est devenu au fil du temps une autorité en astrologie mondiale.
  • a bénéficié des enseignements de son frère Armand, de son "maître" Jean Carteret et de Claire Santagostini.
  • son ouvrage De la psychanalyse à l'astrologie (Paris, Le Seuil, 1961) a pour ambition de "rehausser l'astrologie au niveau de la psychologie", en la parant d'assimilations freudiennes et néo-freudiennes discutables (Soleil-Père, Lune-Mère, Mars-Fils ...), en explorant les stades de l'enfance oedipienne, et en réinterprétant la diversité caractérielle à travers des "types" et "complexes" (Icare, Prométhée, Caïn...) hérités du philosophe Gaston Bachelard.
  • dans son principal ouvrage, Les astres et l'histoire (Paris, Pauvert, 1967), Barbault propose une lecture astrologique de l'histoire récente à partir des cycles combinés des planètes lentes (de Jupiter à Pluton).

André Barbault a la corde "philosophique" en dépit de son approche nettement empiriste, même si son interprétation caractérologique et "symboliste" des facteurs astrologiques doit beaucoup à ses confrères. Au fil des années, il s'est spécialisé dans la prévision, notamment collective, selon lui le seul moyen de faire valoir le fait astrologique. Malheureusement l'indice de concentration planétaire, qu'il a hérité de Gouchon, indique des minimas pour 1914-18, 1942-45, mais aussi pour 1954-57 et 1981-85, années annoncées d'un bouleversement majeur qui ne s'est pas produit. Les cycles combinés des planètes lentes semblent avoir donné au moins un résultat conséquent: celui de la chute du régime soviétique pour la conjonction Saturne-Neptune de 1989. Reste à savoir si ce "résultat expérimental" n'est pas l'arbre qui cache la forêt. On peut rester sceptique sur la question de savoir si les cycles planétaires peuvent prêter à un pronostic de nature événementielle, et s'interroger sur les raisons qui font que telle puissance géopolitique se trouverait associée à tel moment de son histoire à un cycle donné plutôt qu'à un autre. L'approche empiriste ne fournit aucun début de réponse, ni même une quelconque tentative de formalisation du modèle.

Jean-Pierre NICOLA

  • né le 8 mai 1929 à 8h, Nice
  • a eu une influence décisive sur de nombreux astrologues, et pour élèves Yves Lenoble, Max Lejbowicz, les belges Yves Thieffry et Jacques Vanaise, Françoise Hardy, Catherine Aubier, Jean-Pierre Vezien, Bernard Blanchet, Jean-Paul Citron, etc...
  • rédacteur en chef des revues Carré, Astrologique (1976-1979), et les Cahiers Conditionalistes (depuis 1980).
  • auteur de recherches astrométriques sur le système solaire en 1971 et 1992: (cf. 06syssol.html) et d'une tentative de rationalisation du corpus astrologique.
  • ses deux principaux ouvrages restent La condition solaire (Paris, éd. Traditionnelles, 1965) et Pour une astrologie moderne (Paris, Le Seuil, 1977).
  • a élaboré un certain nombre de modèles ayant pour fonction d'assainir le corpus astrologique et d'automatiser l'interprétation : le zodiaque réflexologique, d'après les travaux du psychologue russe Ivan Pavlov, la grille planétaire du R.E.T., le système S.O.R.I. appliqué aux 12 maisons classiques et la théorie des Ages planétaires d'après leurs révolutions sidérales.

Cette réinterprétation du corpus débouche moins sur une véritable cohérence systémique, que sur une utilisation ostentatoire des outils classiques de l'astrologue, non exempte d'un jargon qui redouble celui déjà utilisé par l'interprète de cabinet face à son client profane. Le discours conditionaliste est présenté comme une révélation intouchable. Nicola admet difficilement la critique et préfère fonctionner en circuit fermé, plutôt que de se mêler aux autres astrologues. C'est ainsi qu'au fil du temps, il s'est séparé, comme Freud quelques décennies auparavant, de ses meilleurs collaborateurs. Il reste l'éternel ennemi d'André Barbault dont il critique le laxisme, et l'hostilité à son égard. Leurs querelles stériles et sempiternelles sont légendaires dans le milieu astrologique français. Ce qui est pitoyable, c'est que Nicola a usé des mêmes agissements et procédés d'intimidation vis-à-vis de ses premiers collaborateurs que ceux qu'il dénonce chez son rival. Ce qui est amusant, c'est que leurs approches, en dépit de leurs divergences, et avec le recul que peut donner la connaissance des pratiques en vigueur hors de l'hexagone, restent assez proches: utilisation du même corpus astrologique, importance comparable donnée aux planètes et à leurs cycles par rapport aux autres facteurs, une certaine méfiance vis-à-vis des maisons, une extrême prudence à l'égard de l'astrologie horaire...


On pourrait être tenté de regrouper les astrologues en 4 écoles:

L'astrologie empirique à orientation prédictive (Lasson, André Barbault) qui concerne essentiellement l'astrologie mondiale, mais peut être l'objet d'applications individuelles. Elle s'appuie essentiellement sur l'observation des phénomènes visibles et sur les "faits".

L'astrologie psycho-symbolique (Julevno, Volguine, Ruperti, Gouchon) qui raisonne à partir d'une saisie directe des symboles supposés et de leur confrontation à la diversité psychologique. Elle s'applique essentiellement à l'interprétation du thème et s'appuie sur l'analogie et le respect d'une certaine tradition.

L'astrologie constructiviste (Dom Néroman, Nicola) qui s'interroge sur la possibilité et le fonctionnement du phénomène astrologique, et essaye d'en rendre compte par un nouveau modèle. Elle s'attache à définir une certaine logique derrière les faits, à retrouver la cohérence interne des structures astrologiques, et à reformuler le corpus.

L'astro-statistique (Choisnard) cherche à valider ou à invalider certains postulats classiques de l'astrologie, ou encore à en trouver de nouveaux. Elle s'appuie sur une psychologie empirique (traits de caractères) et sur la notion de catégorie socio-professionnelle.